Témoignage d’Ingrid

En hommage à Prieska…

Bonjour à tous et toutes. Tout d’abord, un grand merci à Marine sans qui rien ne serait possible 😉

Je m’appelle Ingrid, je suis originaire de Limoges et j’habite actuellement à Sénas dans le Sud de la France. J’ai découvert le Staff chez une amie de mes parents qui possédait un magnifique sujet (comme c’est souvent le cas). J’ai eu le plaisir de pouvoir le garder pendant que ses maîtres étaient partis en vacances. Ce chien se prénommait « NAXOS ». « Se prénommait » parce que lui aussi est à ce jour décédé.
Aussi son nom est important, car ce chien était lui, à l’inverse de ma chienne, inscrit au Livre des Origines Française (L.O.F.).

Suite à cette formidable semaine passé avec cet adorable chien qui comblait plus que mes attentes (c’est-à-dire un chien calme, obéissant, gentil avec les enfants), l’amie de mes parents m’a dit que la chienne de la personne qui lui avait vendu NAXOS deux ans plus tôt allait mettre bas. Non méfiante, et si emplie de joie, je n’ai pas voulu entendre et surtout pas compris à l’époque ce que l’on me proposait.

La personne peu scrupuleuse à qui j’ai acheté ma chienne pour un montant de 150 euros (1000 francs en 1999) se prénomme Madame « C » et se situait sur Cognac à l’époque. Elle faisait faire des portées à sa chienne (LAIKA DU GRAND MOLOSSE) avec son « étalon » (JERRY DU GRAND MOLOSSE) le plus souvent possible pour des raison financières.
Le pire, c’est que pour ces mêmes raisons, 1 portée sur 2, voir plus, n’étai(en)t pas déclarée(s) à la Société Centrale Canine…ceci expliquant mon modeste prix d’achat.

J’ai donc acquis ma chienne Amstaff qui se prénommait « Prieska » chez des personnes très marginales, vivant à la campagne certes, mais pratiquant des « ratonnades », faisant tracter des voitures par leurs chiens etc.

Je tiens à vous signaler qu’à ce moment du récit, je ne me posais aucune question par rapport à la loi du 06 janvier 99 car je savais éperdument que ma chienne aurait une vie de reine, et qu’elle serait juste une chienne de compagnie. D’ailleurs, je n’ai jamais eu de problème d’agressivité avec elle, elle ne m’a donné que du bonheur et de l’amour. Je n’ai par ailleurs jamais eu de problème avec les services de l’ordre étant donné la gentillesse de Prieska.

Prieska m’a donc été cédée le 30 octobre 1999, sans papiers, sans vaccins, sans tatouage, et je sais que ça va en faire rager plus d’un, mais je l’ai eu non sevrée (c’est-à-dire à l’âge de 1 mois et demi), Prieska étant née le 20 septembre 1999 (note : ceci était illégal, l’âge minimum de vente étant de 8 semaines !).
J’ai su plus tard pourquoi l’on m’avait donné Prieska si jeune : sa mère Laika était épuisée de toutes ses grossesses successives, et elle avait déclarée l’ataxie avant la mise-bas. Elle est décédée 3 mois après la naissance de Prieska.

Me voilà donc avec Prieska, je m’occupes de la faire tatouer, vacciner, vermifuger. J’écris quand même une lettre à la Société Centrale Canine pour dénoncer les actes de la charmante Mme « C » et aussi une demande pour savoir si je pouvais faire inscrire ma chienne sur une liste d’attente pour la faire confirmer ultérieurement. Ceci n’a rien donné.

Maintenant que vous connaissez mon histoire, je peux vous parler de l’ataxie cérébelleuse qu’a déclaré Prieska à l’âge de 2 ans. Hé oui, si jeune ! Prieska a fait des sortes de crises d’épilepsie a répétition pendant 2 jours et cela était vraiment affreux et insoutenable. Elle tombait, se révulsait, ses yeux disparaissait, ne faisant apparaître que le blanc, elle était prise de spasmes violents et se cognait la tête par terre. Elle était incapable de tenir debout plus de 10 minutes. Effondrée, je suis donc aller voir un vétérinaire qui a diagnostiqué une lourde épilepsie. Il lui a fait une piqûre de Valium et m’a prescrit du Gardénal à forte dose.

A partir de ce moment là, Prieska était brisée, ensuquée du matin au soir, ses mouvements étaient non concordants, ses pertes d’équilibre omniprésentes.

Six mois se passent, les crises disparaissent, je baisse le Gardénal sous les conseils du vétérinaire. D’après lui c’est le médicament qui ensuque ma chienne et qui lui fait perdre l’équilibre. Faux ! Ma chienne est toujours cassée, elle tombe souvent et même si elle a toujours gardée sa vivacité, elle ne peut plus jouer comme avant, car ne pouvant plus retomber sur ses pattes, et elle se blesse souvent. Je reste cependant heureuse qu’elle ne fasse plus de crise, heureuse qu’elle soit avec moi.

Un an plus tard après ses premiers symptômes, Prieska fait de nouveau des crises mais rien à voir avec les premières. Elle s’aplatit complètement, comme écrasée par la gravité terrestre, ses yeux se révulsent encore. Ensuite elle reprends ses esprits et commence à avoir les yeux qui partent de gauche à droite, on appelle cela un nystagmus horizontal.
Je retournes chez un vétérinaire : il lui fait une fois de plus une piqûre de Valium et lui fait faire des examens sanguin pour la thyroïde ! Il me prescrit également du Crisax (un mélange de bromure et de gardénal) à hauteur de 8 comprimés par jours. Toujours le même diagnostic : L’épilepsie.

Le traitement ne marche pas bien sûr, Prieska oscille entre crises et nystagmus. Je continue les examens, les traitements, on me dit qu’elle a peut être fait un accident cérébral. Je me dis qu’elle a peut être une tumeur au cerveau…je cherches un scanner. Mais l’I.R.M coûte un prix exorbitant, et si ma chienne à une tumeur, on ne pourra malheureusement pas l’opérer. Je me fais donc une raison. Le vétérinaire qui la suit commence à être agacé de nous voir, de plus un American Staff, on s’en fou ! C’est tellement méchant comme animal !
Il me déconseille de m’obstiner à chercher ce qu’elle peut bien avoir, de continuer le traitement au Crisax (20 euros/semaine fournit exclusivement par Monsieur le vétérinaire, consultation en sus bien sûr !) et de mettre Prieska dans l’obscurité quand elle fait des crises ou quand elle a un nystagmus. J’ai essayé tout de même de la mettre au calme dans ma chambre, volets clos..mais la pauvre, je n’allais tout de même pas l’enfermer pour le reste de sa vie. En plus, cela ne marchait pas : elle préférait rester au près de moi.

Je me suis donc habituée à l’état de ma chienne, elle qui m’a toujours beaucoup apporté… je me faisait un devoir de l’aider et d’être là pour tout, c’est-à-dire à la porter pour monter et descendre les escaliers, marcher, courir, jouer, dormir. Je l’aime tant !
Mais cet été, lors d’un dîner chez des amis, j’ai eu un moment d’inattention…2 minutes de trop. Prieska est tombée dans la piscine, et elle a arrêté de souffrir.

J’ai eu beaucoup de mal à écrire tout cela, Prieska a laissé tout le monde qui la connaissait dans un profond chagrin. Et surtout nous, mon ami et moi-même. On s’en est voulu de l’avoir perdu aussi bêtement, mais comme m’a dit Marine, et je tiens à la remercier pour son soutien, elle a fini de souffrir.

Quatre mois sont passés depuis son décès…sa présence nous manquera toujours. Je tiens à lutter contre cette maladie qui n’est malheureusement pas le seul problème du staff. C’est un chien qui subit déjà tellement d’injustices, il n’avait nullement besoin de celle-ci.

Ingrid

N.B : pour des raisons évidentes de sécurité, nous n’avons pas mis le nom complet de l’éleveuse qui a vendu Prieska à Ingrid